Dieu le Père tout puissant

« Je suis le Dieu des vivants »

Pour visionner le début du cours de Bertrand Vergely cliquez ici

Retour sur les cours précédents

Les fois dernières j’ai parlé de la relation entre théologie et morale et j’ai expliqué que cette relation était une glorification de la morale et de la théologie, l’une par l’autre. Ceci pour expliquer que la méthode chrétienne est une méthode de glorification.

Cela nous a amené à voir qu’à la base de tout ce qui va être dit, ce qui est important c’est le salut. Le salut est l’expression de la vie plus que vivante dans laquelle on pénètre, et c’est en ce sens que les choses sont sauvées. Si la vie est plus que vivante, elle est débordante et il n’y a pas un détail qui ne fasse pas partie de ce débordement de vie.

Nous avons réfléchi sur la question de l’apophatisme et sur cette méthode singulière qui déjoue la logique banale des choses, les choses et les hommes ne sont pas ce qu’ils sont parce que rien n’est encore ce qu’il est vraiment.

Aujourd’hui, nous allons analyser les structures qui permettent à la morale, comme à la théologie de se construire et je voudrais parler de Dieu.

Pour parler de Dieu

Il est très difficile de parler de Dieu dans notre monde parce qu’on a une très mauvaise méthode pour l’aborder. Cette méthode est tellement catastrophique qu’il n’est pas étonnant que notre monde ait perdu la foi. Pour comprendre Dieu il faut passer par la vie. Il faut tenir compte de ce qui se passe autour de la manière dont Dieu est présenté, or cette manière est totalement opposée à la vie, donc il est normal que la relation à Dieu s’écroule.

D’une manière générale,  les dialogues à propos de Dieu sont vains car nous avons souvent affaire à des sceptiques qui ont de toute façon décider de ne pas y croire et qui cherchent tous les moyens pour démonter nos arguments. Comment voulez-vous pouvoir parler d’une chose aussi importante si celui qui est en face de vous pense, non pas à ce que vous dites, mais à la faille qu’il va y avoir dans votre discours qui lui permettra de vous « coincer » ?

On se trouve dans une situation d’affrontement, et forcément, dans cet état d’esprit on va directement à l’échec. D’autant plus que notre imaginaire est surchargé par des images, entre autres, celles de terroristes tuant au nom de Dieu et qui font que, dans l’imagination collective, Dieu renvoie à la violence.

Cette violence réveille des violences anciennes qui rappellent un principe monarchique car il ne faut pas oublier que jusqu’au 18ème siècle Dieu, le roi et le régime monarchique étaient liés. Le siècle des lumières a refusé tout ce qui a un lien avec une loi rébarbative qui concernait le roi, la monarchie et Dieu. Ceci explique pourquoi il est très difficile de parler de Dieu.

Ceci se retrouve dans l’argument utilisé pour prouver l’existence de Dieu. On regarde la perfection du monde et on dit qu’il est impossible que cette perfection provienne du hasard. En disant cela, la personne à qui on s’adresse est en quelque sorte « coincée » car elle n’a pas d’alternative, soit elle croit en Dieu, soit elle est dans l’absurde et c’est cela qui est gênant.

Pourquoi a-t-on besoin à ce point qu’il y ait une cause à l’origine de toutes choses ? Et s’il n’y en avait pas ? Qu’est ce qui fait qu’on a tellement peur qu’il n’y ait pas de cause ?

Comment peut-on avoir la foi si les conditions dans lesquelles on l’élabore sont structurées par la peur ? Un jour, J’ai entendu un prêtre dire, devant le cercueil d’un mort, que si dieu n’existait pas, la vie n’avait aucun sens et qu’il valait mieux se tirer une balle dans la tête.

Ceci était, d’une part très maladroit, mais surtout, un argument déplorable. Si Dieu est uniquement ce qui m’empêche de me suicider, c’est que je suis déjà mort car si on a peur de la mort, c’est qu’on est déjà mort. Quand on est vivant, on n’a pas peur de la mort.

Est-ce que Dieu doit absolument exister pour empêcher que la mort existe ? Même chose avec l’argument qui dit qu’en regardant le monde, on imagine mal que le monde ait pu se créer tout seul. Là encore, c’est le besoin d’avoir une explication qui nous pousse à croire en Dieu.

Le seul argument qui soit, à mon avis valable, à condition de le penser jusqu’au bout, c’est l’argument le plus décrié dans l’histoire de la philosophie qui est l’argument ontologique. C’est argument est développé au départ par Saint Anselme et repris par Descartes et il peut être formulé ainsi : Dieu existe nécessairement parce que c’est une idée que l’homme n’a pas pu inventer.

En ayant l’idée de Dieu, j’ai immédiatement son existence. Cet argument énerve les philosophes empiriques parce que pour eux l’idée qu’une idée puisse produire une existence est incohérente et contraire à l’expérience qui, pour l’empirique, doit précéder à l’idée.

Les idées, c’est de la réalité

Il ne faut pas croire que les idées ne sont pas de la réalité et ce qui est dommage dans cette preuve ontologique de l’existence de Dieu, c’est qu’on a voulu la démontrer au lieu de la montrer.

Les idées ne s’inventent pas, ce sont d’abord des images, c’est parce que nous avons une image de quelque chose que nous pouvons avoir un sens de la réalité. La réalité des choses passe par leur image et si nous ne sommes pas capables de nous faire une image des choses, nous ne pouvons pas avoir affaire à leur réalité.

Les idées c’est également quelque chose de lumineux, ce sont les idées qui débloquent les situations, et même apportent une certaine fécondité à celles-ci. Notre monde est structuré autour d’idées, aujourd’hui tout repose sur l’idée de liberté.

La raison d’être de notre civilisation est  « la déclaration des droits de l’homme », derrière les droits de l’homme il y a trois idées, ce sont  des choses qu’on n’a jamais vu et qui sont totalement idéales, premièrement « le droit », deuxièmement, « l’homme » et troisièmement « les droits de l’homme » et cette idée des droits de l’homme permet de respecter concrètement les individus. S’il n’y avait plus d’idée, du droit, de l’homme et des droits de l’homme, tout s’écroulerait. Donc, ne disons-pas que les idées ne sont pas de la réalité.

Michel Foulcault nous dit que les idées s’inventent et qu’elles viennent du langage où, l’apparition de mots susciterait des idées. Pour lui les idées peuvent apparaître et disparaitre. Je ne suis pas d’accord avec cela car je pense qu’aucune idée n’a été inventée et qu’il y a quelque chose dans l’idée qui vient d’ailleurs. En effet lorsqu’on a une idée, on ne peut pas simplement décider de l’avoir, mais c’est parce que l’objet de cette idée existe déjà que l’on peut avoir cette idée. Par ailleurs on ne peut pas inventer non plus l’idée d’avoir une idée, personne ne sait d’où vient l’idée d’avoir une idée et c’est quelque chose qui nous dépasse totalement, cela renvoie à l’idée même de la création.

Lorsque le monde est apparu, l’idée du monde est apparue en même temps, de même que l’homme et l’idée de l’homme sont apparus en même temps. Cela veut dire que chaque être humain est une idée et elle apparait en même temps que lui. Cela, c’est le mystère de la vie. Personne n’a jamais créé une idée et on peut dire que dans l’idée de création, se trouve l’idée de toutes les idées. Si on médite sur les idées on s’aperçoit que l’idée n’est pensable qu’à partir de la création et nécessite un créateur qui introduit l’idée en même temps que la création.

Tout le principe de l’icône repose là dessus. L’icône consiste à dire que tout être humain est en relation avec la lumière divine qui est l’idée de cet homme. La réalité d’un être humain et son idée, c’est la même chose. Nous sommes ce que nous sommes parce que nous avons l’idée de nous-mêmes et que cette idée de nous-mêmes nous accompagne en permanence.

L’idée de Dieu

Là, nous commençons à comprendre quelque chose de l’idée de Dieu. Je ne peux pas avoir inventé l’idée de Dieu parce que l’idée implique qu’il y ait une création originelle à la base de l’idée qui me donne l’idée de l’idée. Descartes est très pertinent, lorsque, pour parler de Dieu, il parle de l’idée. Il dit : «Quand je regarde les idées qui sont en moi, je constate que je n’ai pas pu inventer l’idée de Dieu mais que celle-ci m’a été donnée». J’aime beaucoup cette phrase de Descartes parce que toute ma vie, j’ai entendu dire que l’homme avait inventé Dieu. Quand on analyse la question de Dieu, on peut dire qu’il y a plusieurs niveaux de sens.

Pour beaucoup, le premier niveau est une expérience traumatique, Dieu est synonyme de violence et c’est la raison pour laquelle certains n’y croient pas, mais c’est aussi la raison pour laquelle certains y croient car il y a des gens qui aiment le Dieu de la vengeance. Le deuxième niveau, c’est la manière anxiogène dont Dieu est introduit dans le discours pour remplir « un vide », celui de la cause de l’existence du monde. Le troisième niveau, c’est l’idée même de Dieu qui introduit l’existence de Dieu.

Mais nous ne sommes pas encore en Dieu. Pour comprendre Dieu, il faut arrêter de penser et passer au niveau de la vie et derrière lui, au niveau de l’expérience et de l’intime. Là on va commencer à comprendre quelque chose de l’ordre de Dieu.

L’expérience de l’intime

Lorsque je fais une expérience de la vie, je fais une expérience du sensible et cela m’amène vers l’ultra sensible, je franchis les portes de la perception et je me rends compte que derrière le visible, il quelque chose d’invisible.

La sensibilité, c’est l’ultra délicatesse qui est de l’ordre de l’invisible et de l’impalpable. Le plus sensible en moi, vient de quelque chose qui est totalement insensible, totalement invisible et qui dépasse toute sensation. Là je commence à comprendre que derrière le visible il y a l’invisible et cela structure le visible, il y a une réalité de la réalité et je commence à comprendre la notion de cause en temps que principe agissant. Je mets en relation mon expérience sensible avec une réalité invisible, vivante, intime et personnelle qui me fait vivre.

Lorsque je crois en Dieu, je vis Dieu, je vis l’ultra sensible et l’ultra intime de moi-même et je me rends compte que je suis ce que je suis parce qu’il y a un autre en moi qui me fait être ce que je suis et qui me rend extraordinairement vivant. L’expérience de l’intime, c’est l’expérience d’un « Il » qui s’intéresse à moi sur le mode du « Tu » pour produire en moi le « Je ». Le « Je » que je suis est la résultante d’un « Il » qui, me tutoyant, permet à mon « Je » d’exister.  Je vais vivre mon expérience avec Dieu sous la forme de la rencontre, la rencontre se fait avec l’univers, avec les choses, avec la chair des choses. Je vais vivre l’immense émotion de l’univers et cette émotion me tutoie.

Ce que j’ai découvert dans l’invisible de ma sensation, je le découvre dans l’invisible autour de moi, cela fait que le monde me donne de l’émotion et du plaisir.

Un deuxième élément important, ce sont les hommes et leurs discours. Certains êtres n’éveillent rien en moi, mais d’autres me parlent lorsqu’ils parlent de l’invisible, lorsqu’ils parlent de leur cœur et de leur être profond. Je retrouve ce que je vis dans mes sensations et ce que je vis avec l’univers. Lorsque quelqu’un me parle vraiment de Dieu, de ce « Il » qui le tutoie et qui fait qu’il est un « Je », dans les paroles qu’il dit et dans le nom de Dieu qu’il prononce, Il y a tout l’intime de moi-même et tout l’univers.

A ce moment là, je fais vraiment l’expérience de Dieu et je me rends compte que quelque part, parler de Dieu et parler de moi, c’est la même chose. Feuerbach dit que Dieu c’est l’essence de l’homme projetée en dehors de lui-même et il faut que l’homme réintègre son essence au lieu de la mettre à l’extérieur.

Il est tout à fait vrai que la relation de l’homme à Dieu, c’est la relation de l’homme à l’essence de l’homme, et quand je vis Dieu, je vis mon essence, mais ce que Feuerbach ne voit pas , c’est que ce n’est pas une invention ni une projection de mon moi, c’est la réalité dans mon moi. Cette essence c’est mon existence, et c’est mon expérience existentielle qui me la fait vivre parce que, je n’ai pas toujours cru en cela, et à un moment, cela ne correspondait à aucune idée. Ce que ne voit pas Feuerbach, c’est que quand les hommes croient en Dieu, ce n’est pas une idée mais c’est une réalité et c’est pour cela qu’ils y croient. C’est une expérience intime qui devient de plus en plus réelle et plus elle devient réelle, plus elle devient une idée.

Cela permet de comprendre pourquoi, lorsque le Christ parle et qu’il dit que Dieu est là, il en parle si merveilleusement que c’est toute la sensibilité du monde et des hommes qui est là, et tout le monde se retrouve dans ses Paroles. Quand le Christ parle de Dieu, il éveille le plus intime en moi et il y a une relation entre Lui et moi. Lorsqu’il dit que Dieu est vivant, que Dieu peut s’incarner, il dit qu’Il est ce Dieu là et que nous sommes ce Dieu là.

On comprend alors que le Christ n’est pas fou et qu’Il dit la vérité, parce que la vérité c’est ça. Lorsque le Christ dit « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie », c’est tout à fait vrai. Il est le « Je suis » profond qui éveille le cône de la sensibilité dans lequel je me retrouve totalement. C’est cette expérience qui me fait dire que Dieu existe et qu’il est vivant.

Le dieu des vivants

En décidant de parler de Dieu aujourd’hui, j’ai voulu prendre au sérieux cette Parole que l’on trouve dans l’Evangile de Mathieu au chapitre 22, 23-33 et où il est dit la chose suivante :

 23 Ce jour-là les sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, vinrent à Jésus, et lui firent cette question:

24 Maître, Moïse a dit: Si quelqu’un meurt sans enfants, son frère épousera sa veuve, et suscitera lignée à son frère.

25 Or, il y avait parmi nous sept frères, dont le premier, s’étant marié, mourut; et n’ayant point eu d’enfants, il laissa sa femme à son frère.

26 De même aussi le second, puis le troisième, jusqu’au septième.

27 Or, après eux tous, la femme aussi mourut.

28 Duquel donc des sept sera-t-elle femme à la résurrection, car tous les sept l’ont eue?

29 Mais Jésus, répondant, leur dit: Vous êtes dans l’erreur, parce que vous n’entendez pas les Écritures, ni quelle est la puissance de Dieu.

30 Car à la résurrection les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris; mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel.

31 Et, quant à la résurrection des morts, n’avez-vous point lu ce que Dieu vous a dit:

32 Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants.

33 Et le peuple entendant cela, admirait sa doctrine.

Ceci est très important car si nous le comprenons, nous comprenons la vraie théologie et la vraie morale. Nous comprenons,  Dieu, le Christ et le christianisme, en effet, « Dieu est le Dieu des vivants et non pas le Dieu des morts ».

Les Saducéens ne croient pas à la résurrection et pose une « colle » au Christ, il est quand même très curieux que les Saducéens qui ne croient pas à la résurrection, posent une question sur la résurrection. Pour eux la résurrection ne peut pas exister car une femme ne peut pas être la femme de sept maris à la fois. En fait ils demandent si après la résurrection les lois seront les mêmes que dans notre monde, pour eux, les lois devraient être les mêmes et, en même temps, résoudre tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Le Christ leur explique que dans la résurrection, il n’y a plus de mariage entre un homme et une femme parce que la réalité est différente.

Après la résurrection, on se trouve dans la réalité même de la vie, Dieu est le Dieu de la Vie et la résurrection c’est la Vie. La réalité est fondamentalement explosive, les structures de la réalité sont époustouflantes. Devenir qui l’on est, c’est faire exploser ce que l’on est, et c’est connaître qui l’on est. Pour cela, il faut une mutation de l’être humain, et cette mutation est une transformation de la vie.

La vie est caractérisée par trois éléments, le mouvement, l’individualité et la diversité. La vie est une transformation de la matière qui l’intériorise et la diversifie. Lorsque la matière est gouvernée de l’intérieur, elle donne le multiple et le vivant, mais cela ne suffit pas pour qu’il y ait la vie.

Encore faut-il rentrer dans la nuit de la vie afin de connaître la lumière de la vie. La nuit de la vie, c’est la mort, et il n’y a qu’une seule mort pour nous, c’est la mort du savoir. Je suis mort quand je ne sais plus rien, et ce qui nous angoisse le plus, c’est de ne pas savoir. Nous sommes comme les Sadducéens, nous voulons savoir ce qu’il y a de l’autre côté et nous aimerions y retrouver la même chose que ce que nous avons ou aimerions avoir dans cette vie, sans les inconvénients. Les gens ne croient pas en Dieu parce qu’ils ne savent pas. Mais tant qu’on vivra comme cela, en voulant conserver notre « petit chez soi », on ne pourra pas vraiment  vivre.

La Vie est sidérante, époustouflante et la condition d’accès à la Vie, c’est de passer par un néant mental, un néant de la pensée. Celui qui vit très bien ce néant, c’est Socrate lorsqu’il dit : « La seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien », c’est également Denis l’Aréopagite lorsqu’il dit : « Je connais Dieu de ne pas la connaitre », Saint Jean Delacroix parle de « La ténèbre divine », les pères du désert dans la prière sont dans un non-savoir absolu.

Ce non-savoir total à propos de la vie, donne la résurrection car là où il y avait le mouvement, l’individu et la diversité il y a maintenant trois autres choses totalement nouvelles qui sont l’intériorité, la liberté et l’amour infini.

L’expérience de la résurrection peut se définir ainsi : J’étais dans le mouvement extérieur,  je suis dans le mouvement intérieur qui est le moteur du mouvement, je suis un soleil. Le soleil donne la liberté qui va partout, c’est plus que de la diversité, et cela donne l’amour infini qui va de l’infiniment petit à l’immense. On n’aura pas besoin d’être marié à un homme ou une femme parce qu’on sera marié avec tout, on sera dans un tel débordement d’amour qu’il n’y aura pas de raison de se limiter au  couple. On n’imagine pas ce qu’est la résurrection, on n’imagine pas ce qu’est la vie, on n’imagine pas la liberté et  l’amour qu’on peut avoir, on n’imagine pas la personne que l’on peut devenir.

Là, nous commençons à comprendre l’enjeu de la Parole du Christ qui ne répond pas à la question posée par les Saduccéens « De qui sera-t-elle la femme ? » mais qui dit qu’il n’y aura plus de mariage parce qu’il y aura mieux que le mariage, mieux que la vie, mieux que l’individu, mieux que tout. Ils n’imaginent pas ce qui sera et ils sont morts parce qu’ils sont dans la vision du savoir au lieu d’aller dans la réalité infinie.

Là, nous comprenons Dieu et la Parole du Christ qui dit que Dieu est le Dieu des vivants et non pas celui des morts. Cela veut dire que Dieu est fulgurant, il est comme le dit très bien le symbole de Nycée « Lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu » Dieu est plus que de la vie. Dieu est au-delà de tout ce que les hommes peuvent imaginer, et en particulier de tout ce que l’on peut produire. Il est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob et Il est le Dieu des vivants parce qu’Il a libéré la capacité de donner une postérité, de multiplier la vie, Dieu est un démultiplicateur de vie. La réalité de Dieu va au-delà de tout.

L’expérience de Dieu

Revenons à l’expérience que nous pouvons avoir de Dieu et la rencontre que nous pouvons faire avec Lui. J’ai parlé de la sensibilité qui me met en relation avec un monde, une humanité et des paroles qui me tutoient. Le Nom de Dieu me parle et fait résonner la vie en moi, mais je n’ai pas tout dit de l’expérience de Dieu. L’expérience de Dieu est plus que vivante et, quelque part, l’expérience de la mort consiste à aller au-delà de la vie que l’on connait pour aller vers la vie que l’on ne connait pas, une vie plus grande que tout.

Ma vie change lorsque je pense à Dieu comme le vivant parmi les vivants qui m’ouvre un horizon totalement inconnu et qui me fait comprendre que la vie ne fait que commencer, que nous n’avons encore rien vu.

Il est tout à fait extraordinaire de vivre en pensant que tout commence, on devient ultra attentif et on fait l’expérience de l’humilité. C’est la vie en Christ absolue, et c’est la vie la plus délectable qui soit parce que quand on se sent tout petit et très attentif, on reçoit tout, c’est LE moyen pour ouvrir toutes les portes.

On se demande comment changer les choses, il n’y a qu’une voie, celle de devenir totalement humble et attentif. L’humilité ce n’est pas se culpabiliser, c’est dire que tout ce que nous connaissons n’est rien par rapport à ce qui est à venir. Je ne sais rien, je ne suis rien et je désire être ce rien pour pouvoir exister, cela ouvre le corps, le temps et la vie.

Dans la tradition religieuse chrétienne, on parle de Dieu comme étant une grandeur immense qui nous écrase pour nous enseigner l’humilité et abattre notre orgueil. Ce qui est très ennuyeux, c’est que sur un ton culpabilisant, on dit des choses sublimes. Oui, Dieu est immense, oui il nous écrase, oui il fait exploser notre orgueil, mais on a oublié de dire que c’est une chose géniale de vivre ainsi. C’est la gloire, et c’est ce qu’on peut souhaiter de mieux dans la vie parce que lorsque je suis ainsi, tout mon corps et mes sensations s’éveillent et je deviens  ultra-vivant.

Les juifs disent « Dieu c’est l’autre et l’autre nous évite l’orgueil », Dieu fait exploser mon orgueil, non pas pour m’humilier, mais pour m’ouvrir totalement. L’expérience de Dieu bien vécue, c’est celle du véritable « moi » et de la véritable vie qui ouvre tout. La métaphore de l’ouverture, c’est la croix, c’est les bras ouverts, c’est l’ouverture infinie qui embrasse tout. On peut parler de Dieu comme étant « l’ouvert » qui ouvre tout. Je reconnais Dieu à l’amour infini et à la joie infinie, lorsque tout est ouvert là où tout était fermé.