Pour vous parler de l’ascension, je reviendrai sur la signification du Christ, sur la vie après la mort, sur la question du Christ sur la croix et sur la façon dont les évangiles se terminent. Les Evangiles ne se terminent pas tous de la même manière, il y a deux Evangiles qui se termine par le départ du Christ dans les nuées (Marc et Luc) et dans les Evangiles de Mathieu et de Jean, il n’en n’est pas question. Je terminerai sur ce que veut dire aller dans les hauteurs et pratiquer une ascension.
La signification du Christ
Il convient d’abord de revenir à la signification métaphysique du Christ et pas simplement historique. Lorsqu’on parle du Christ, on a tendance à le ramener à nous, à l’histoire, à l’humanité, à la société, et on fait du Christ un législateur social qui vient régler les problèmes politiques et sociaux que nous rencontrons. Il est évident que si le monde vivait dans l’entraide et que nous étions capables de nous aimer les uns les autres, nous ne connaitrions pas les tribulations et les souffrances qui sont les nôtres. En ce sens, les Paroles du Christ sont au combien bénéfiques et salutaires.
Mais, on ne peut pas réduire le Christ à sa dimension simplement pacificatrice et cordiale. Le Christ est un principe métaphysique et tout ce qui se fait, se fait dans le sens de ce principe métaphysique. Ce principe c’est que la vie divine et la vie humaine sont reliées, il y a une circulation constante entre la vie humaine et la vie divine. La vie divine renvoie à l’Etre et au fait de l’existence, je vis la vie divine quand je m’arrête, quand j’écoute et quand je me laisse pénétrer par la présence des choses, des êtres et de l’existence. A ce moment-là, je vis et je rencontre une dimension extrêmement joyeuse de l’existence.
Tous les exercices de méditation et de spiritualité du monde, passent par le même rituel initiatique : assieds-toi, tais-toi, rentre en toi, écoute et sens en profondeur ce que tu vis. Là, on ouvre les portes du ciel. En même temps, la vie est aussi ici et maintenant, dans le monde qui est le nôtre, dans l’histoire, et c’est ce qui fait que nous sommes des êtres réels. La rencontre entre la vie divine et la vie humaine, donne l’extraordinaire richesse de la vie sur le plan naturel, humain et transcendant.
Le mystère des hauteurs et de l’ascension
Lorsqu’on vit la vie divino humaine qui va de Dieu à l’homme et de l’homme à Dieu, nous pouvons dire qu’il y a ce qui vient du ciel sur la terre et ce qui monte de la terre vers le ciel. Il y a un dynamisme descendant et un dynamisme ascendant, nous sommes dans le principe « Christ » qui rassemble le ciel et la terre, le visible et l’invisible, le divin et l’humain. Cette communication constante se traduit à travers le corps et le sang du Christ et d’autre part, le pain et le vin. Dans l’Evangile de Jean, on apprend que le pain est la connaissance divine qui vient du ciel sur la terre et le vin est la connaissance humaine qui monte vers le divin. Lorsque nous communion, avec le pain et le vain, au corps et au sang du Christ, nous rentrons dans le dynamisme qui va du ciel sur la terre et de la terre vers le ciel.
Ce qui a parfaitement compris ce dynamisme « ciel terre », c’est la symbolique romane. Tout le moyen âge a été bâti autour de ce qu’on peut appeler la dialectique descendante et la dialectique ascendante. Ce sont des choses dont Platon et Aristote ont l’intuition, ils pensent que l’homme est à cheval entre le visible et l’invisible, et qu’il y a une relation entre le visible et l’invisible. Dans notre existence, je dirais que quelque chose de divin s’incarne dans la vie et quelque chose d’humain incarne le divin. Par moments, le divin vient vers nous par des évènements à travers la nature, les hommes ou bien l’existence et les pensées, nous ressentons que quelque chose de divin et exceptionnel survient. A d’autres moments, nous sentons en nous, ou autour de nous, quelque chose qui s’élève et on est dans quelque chose qui est beaucoup plus que l’humain.
L’expérience Christ, n’est pas simplement la fusion avec le personnage Christ, mais c’est l’expérience vivante de l’Esprit du Christ. Tout va du ciel vers la terre et de la terre vers le ciel, et le Christ rassemble tout. Nous avons là une image qui récapitule toute la philosophie et toute la métaphysique des hommes. Ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est de vivre le moment où le spirituel est réel et le réel spirituel, où le terrestre est céleste et le céleste terrestre, ou tout est à l’unisson. Nous avons alors les intuitions créatrices les plus hautes, en nous-mêmes et autour de nous.
Le Christ est venu libérer et accomplir l’intelligence pour lui permettre de prendre son essor. Malheureusement pour des raisons politiques le christianisme a énormément humanisé le Christ en insistant sur la position politique et sociale mais en oubliant le dynamisme ontologique. Ceci est une erreur car l’amour, sur le plan social et politique, s’il n’est pas nourri métaphysiquement, s’épuise. Ce qui fait que je vais avoir envie d’aimer et de réconcilier le monde, c’est que la connaissance est tellement extraordinaire lorsque je vis le Christ, que j’ai envie de l’apporter aux autres. Je crois que, lorsqu’on parle aujourd’hui de l’amour en termes politiques et sociaux, on fait le contraire de ce qu’il faudrait faire pour que l’amour et la paix existent. On nous dit « Il faut aimer parce que ne pas aimer ce n’est pas bien », « il faut faire la paix parce qu’être en guerre ce n’est pas bien », « il faut ne pas être raciste car être raciste ce n’est pas bien », on est toujours sur le mode punitif du « ce n’est pas bien » et finalement rien ne progresse.
Les choses n’avancent pas parce que nous ne sommes pas nourris, nous ne rentrons pas dans l’expérience extraordinaire de la connaissance qui fait qu’on aime les hommes et les femmes de toutes provenances, on aime la paix et l’amour parce qu’il y a des choses extraordinaires à vivre.
La vie après la mort
Pour comprendre l’ascension, il faut avoir le sens de la hauteur, de ce qui monte de la terre vers le ciel qui est de l’ordre du sang et du vin, mais il faut aussi comprendre ce qu’est la mort. Nous sommes, là encore, paralysés par l’humain, le social et le politique. Nous ne voyons la mort que sous l’angle de la perte, pour nous, mourir c’est perdre la vie ou quelqu’un qu’on aime, c’est l’arrachement d’un lien. Bien évidemment, ceci est très humain et nous sommes tous attachés à la vie et aux êtres que nous aimons, nous n’avons aucune envie de mourir ou de voir les personnes qui nous sont chères mourir. Mais, il n’empêche que cette vision de la mort est narcissique, égocentrique totalement marquée par la question de l’avoir. De la même manière, l’idée de voir la mort comme un néant est aussi narcissique et égocentrique. Le matérialisme est persuadé de posséder la vérité à propos de la mort et d’être le seul à la regarder en face en disant que la mort est un néant.
La mort est un néant lorsque je regarde ma vie en pensant qu’un jour je ne serai plus là, donc la mort est le néant de moi-même ici et maintenant, ou bien c’est le néant des êtres que j’aime. En fait, le néant c’est la façon dont nous vivons la mort pour nous et pour les autres. C’est le néant car je ne pourrai pas vivre indéfiniment et je ne pourrai pas posséder l’amour des êtres que j’aime indéfiniment. Ceci est une vision égocentrique.
L’expérience de la mort
Je crois que l’expérience de la mort, c’est l’entrée dans l’invisible. L’Art et l’œuvre d’art nous font comprendre cela. La caractéristique de l’œuvre d’art, c’est de nous donner une très belle image de la mort. Ce qui fait qu’un roman est lisible, c’est qu’à un moment, l’écrivain écrit le mot fin dans son roman. Imaginons qu’un roman ait des millions de pages, celui-ci ne pourrait pas être lu, personne n’aurait envie ni le temps de lire un tel roman. Ce qui vaut pour le roman, vaut pour la peinture, ce qui fait que celle-ci est regardable, c’est qu’elle a des limites. Même chose pour la musique, un concert est audible car il ne dure pas indéfiniment. Un œuvre d’art peu rentrer dans la communication universelle à partir du moment où elle a une fin
L’expérience de la mort c’est un peu la même chose, c’est le moment où nous rentrons dans la communication universelle. Nous étions dans la communication visible avec les êtres qui étaient autour de nous et nous passons à un autre niveau de communication qui est invisible. L’expérience de la mort c’est l’expérience de l’Esprit. Je crois qu’en termes chrétien il faut distinguer deux morts dont une qui correspond à l’exclusion du jardin d’Eden. Je pense qu’on ne peut pas aller dans la vie divine à moitié, l’homme et la femme du jardin d’Eden veulent y aller à moitié et pour éviter que la connaissance soit dévaluée, ils sont exclus du jardin. En ce sens, il y a mort.
Par ailleurs, le mystère de la vie ne se limite pas à l’exclusion de l’homme et de la femme du jardin d’Eden. A noter qu’Adam et Eve n’existent pas dans le jardin d’Eden, il n’est mentionné que « l’homme et la femme ». L’homme ne nomme la femme « Eve » qu’au moment où ils sont exclus du jardin.
Nous sommes appelés à rentrer dans le monde invisible et à avoir une existence dans celui-ci. Dans l’expérience de la mort, nous vivons l’entrée dans le monde invisible. Tous les êtres qui ont vécu ont laissé des traces à l’intérieur du monde et ces traces vivent de multiples manières. Ne disons pas que la vie s’arrête et qu’il y a le néant car quantité de choses que nous avons fait vivre, continuent de vivre, la musique de Mozart vit toujours.
Nous possédons une mémoire qui n’oublie rien, tout ce que nous avons vécu est enregistré et continue de vivre. Nous n’avons pas accès à cette mémoire, car pour des raisons pratiques, nous ne sélectionnons que ce dont nous pouvons avoir besoin pour vivre d’une manière utile dans le monde. En vérité, rien n’est oublié. Sans nous en rendre compte, nous sommes déjà liés à la vie invisible, nous avons des rapports invisibles avec nous-mêmes et avec les autres. Les choses que nous faisons ont une portée dont nous ne nous rendons pas compte et cette portée va bien au-delà de notre vie ici et maintenant et bien au-delà de notre vie terrestre. Je crois que c’est parce que nous sommes dans une extrême ignorance spirituelle et parce que nous ne voulons pas nous ouvrir au mystère de la mort que nous ramenons l’existence à ce qui est ici et maintenant en niant la relation au monde invisible.
Ceci est corroboré dans les Evangiles par le fait que lorsqu’il est question de la vie et de la mort, il est question de l’œuvre, nous voyons que vivre et œuvrer c’est la même chose et qu’à un moment, œuvrer c’est passer du plan visible au plan invisible. C’est ce que dit le Christ lorsqu’il dit : « Il faut que je parte sinon l’Esprit ne pourra pas faire son travail ». Donc, à un moment, il faut quitter ce monde pour que l’Esprit puisse agir. Lorsqu’on quitte bien le monde, cela n’est pas du tout triste car on reste présent dans le monde invisible. Personnellement, pour avoir approché la mort de près en accompagnant ma mère, j’ai toujours senti que ma mère est présente dans le monde invisible, que je ne l’ai jamais quittée et qu’il y a une présence de sa part qui est très belle et très profonde. Elle est rentrée dans le plan invisible et m’a fait rentrer dans le plan invisible.
Lorsque je suis dans une vraie communication philosophique avec les grands métaphysiciens et philosophes, je retrouve la même qualité de présence. L’expérience de la mort, c’est l’expérience de l’invisible et d’une extraordinaire qualité de présence. Lorsque nous allons mourir, nous allons vivre cette extraordinaire qualité de présence qui va nous-mêmes nous étonner. Dans l’histoire de l’humanité, il y a beaucoup de récits qui relatent ce passage et c’est toujours la même histoire avec le tunnel, la confrontation avec la plaine de lumière appelée les champs Elysée, la rencontre avec la conscience absolue qui demande ce que nous avons fait de notre vie et le fait de voir où nous en sommes par rapport à notre évolution spirituelle pour continuer à aller là où nous devons aller. Nous découvrons que nous avons une aventure spirituelle à vivre et que nous sommes éminemment spirituels.
L’Ascension
C’est exactement ce que le Christ vit et veut nous montrer. Il est dans la relation entre le visible et l’invisible, il va rentrer dans l’invisible, c’est-à-dire aller dans les hauteurs et Il va montrer ce qu’est l’invisible. Dans l’Evangile de Marc et de Luc, le Christ rentre dans les nuées, Il montre ce qu’est l’existence de l’Esprit. Ce ne sont pas des choses hors de notre portée, mais ce sont des choses que nous pouvons vivre et que nous vivons.
On remarque qu’il existe beaucoup d’associations en lien avec des personnages célèbres, et qui se nomment, par exemple « présence d’Albert Camus » ou « Présence de Claudel », il y a des personnes qui se réunissent autour de la mémoire d’un défunt et celui-ci est aussi vivant que s’il était présent.
Le Christ sur la croix
La signification du Christ dans les icônes orthodoxes.
Il y a une grande différence entre les représentations du Christ en Orient et en Occident. En occident, le Christ est représenté sur la croix, dégoulinant de sang. En Orient, il n’y a pas de représentation réaliste du Christ mais Il est représenté dormant sur la croix. La vision occidentale du Christ est éminemment politique, sociale et humaine. Lorsque le Christ est représenté dégoulinant de sang, cela signifie qu’Il est réellement mort et qu’Il a souffert. Cela consiste à dire que le Christ est un homme qui souffre comme nous, et c’est rassurant car Dieu accompagne les hommes. Cette idée a forgé l’Occident, elle a donné un imaginaire social, politique et culturel très important et ce message peut se justifier.
Je me suis demandé pourquoi, en Orient, le Christ est représenté en train de dormir sur la croix. Ce n’est pas du tout pour nier la souffrance, mais c’est pour nous dire que les choses ne sont pas finies. Si le Christ sur la croix dort, c’est que derrière sa mort sur la croix, il y a des choses qui sommeillent. Ce qui sommeille, c’est ce qui vit à l’intérieur de l’inconscient dans les profondeurs et qui n’est pas fini.
Certes, le Christ a rendu son souffle au Père en mourant sur la croix, mais les choses sont loin d’être finies, la preuve, c’est qu’il n’y a pas de cadavre. Lorsque les femmes arrivent pour l’embaumer, trois jours après sa mort elles ne trouvent pas de corps, il n’y a pas de cadavre parce qu’elles se trouvent devant le vrai corps du Christ et devant la véritable expérience de la mort. La mort n’est pas la fin de la vie et la mort du Christ n’est pas la fin du Christ, mais c’est quelque chose qui s’inscrit dans une dynamique qui va beaucoup plus loin.
Ceci peut être mis en relation avec un l’épisode de l’Évangile où le Christ dort dans une barque au milieu d’une tempête, les disciples sont affolés, ils réveillent le Christ qui apaise la tempête et leur reproche leur manque de foi.
Cet épisode est du même ordre que ce qui se passe sur la croix car tous deux mettent en relation le ciel et la terre, le visible et l’invisible. Lorsque le christ prend un bateau pour aller vers l’autre rive, il faut comprendre que la rive n’est pas simplement matérielle, elle est aussi spirituelle, c’est l’autre rive de la vie. Dans les Evangiles tout est à la fois spirituel et réel et lorsqu’on a affaire à une réalité, celle-ci est très concrète, mais elle aussi transcendante, spirituelle et symbolique.
Quand on fait un voyage spirituel et que l’on va sur l’autre rive, cela secoue dans les profondeurs, et il est tout à fait normal que le vent se mettent à souffler et que les eaux se mettent à gonfler parce que lorsqu’on est dans une relation entre le céleste et le terrestre, on rencontre la profondeur de l’inconscient, et tout est retourné par le souffle de l’Esprit et la profondeur des eaux. Dans l’Evangile, il est question d’un tourbillon, pourtant le Christ dort car en fait, c’est normal et tout va bien. Si les disciples étaient dans la haute connaissance donnée par la foi, ils verraient que tout va bien, le Christ dort parce qu’ils sont dans un voyage vers l’autre rive et ils sont en train de vivre ce que l’on trouve dans le tourbillon, c’est-à-dire une ascension de la terre vers le ciel et une venue du ciel sur la terre.
Le Christ a réalisé son œuvre terrestre, et sur la croix, commence son œuvre invisible et spirituelle. Pendant que le Christ dort sur la croix, son Esprit va dans les profondeurs de la vie et de la mort pour tout transformer en un tourbillon cosmique et céleste qui va permettre à la Vie de rentrer dans sa nouvelle croissance. Le but, c’est que toute la vie aille vers la vie divine, et la résurrection c’est l’entrée de l’humanité dans la vie divine de manière consciente. Nous ne sommes qu’au début de la résurrection et de la vie spirituelle.
Les bases sont posées, et dans le monde de demain nous allons vivre spirituellement, nous allons arrêter de vivre bêtement comme nous le faisons actuellement, pour des raisons uniquement sociales et matérielles. Nous allons retrouver une vie spirituelle pour vivre quelque chose de l’ordre de l’invisible qui va nous donner des connaissances mille fois plus riches que celles que nous avons. Nous avons connu une histoire par laquelle il était nécessaire de passer, et maintenant nous allons passer à un autre niveau sinon, tout va être détruit.
Passer à un autre niveau, c’est vivre l’expérience de la mort et de l’entrée dans l’invisible, C’est vivre l’expérience de la croix et du sommeil fondamental qui permet au devenir de l’Esprit de se manifester.
L’Ascension dans les Evangiles
Pour comprendre l’ascension, il convient d’avoir à l’esprit les quatre Evangiles et non pas simplement ceux de Marc et de Luc où il en est question.
Dans l’Evangile de Mathieu, le Christ envoie ses disciples diffuser la bonne nouvelle à travers le monde et leur dit qu’Il sera toujours avec eux.
Dans l’Evangile de Marc, Il monte au ciel devant ses disciples et leur précise qu’il travaillera désormais avec eux.
Dans l’Evangile de Luc, jusqu’à la fin, Jésus enseigne à lire les écritures, il ouvre l’Esprit des disciples, les bénit et disparaît dans les nuées.
Dans l’Evangile de Jean Le Christ veut s’assurer que Pierre l’aime, Il s’assure que Jean est le disciple qui aime le Christ et Jean termine son Evangile en disant que le Christ a fait tellement de choses que la terre ne suffirait pas à contenir tous les livres qu’il faudrait écrire pour les raconter.
Je crois que ces quatre manières de terminer les Évangiles sont quatre façons de disparaître dans les nuées, c’est à dire passer du visible à l’invisible et vivre l’expérience de la mort que nous allons tous vivre. Expérience de mutation extraordinaire, nous amenant à un niveau de présence dont nous n’avons pas imagination.
Malheureusement, on a caricaturé l’après vie en la décrivant comme une vie idéale dans laquelle on allait tous enfin pouvoir être heureux. On a fait de l’après vie une annexe des Caraïbes dans laquelle on irait « touristiquement » se reposer. Mais ce n’est pas cela, l’après-vie c’est l’expérience extraordinaire de l’invisible et de tout ce qui va se passer dans l’invisible. Ce qui me permet de dire cela, c’est l’expérience très profonde de la pensée, de la méditation et de la prière.
Je crois que lorsqu’on rentre dans la prière et la vie divine, on est en communication avec le monde entier, avec tous les vivants et les morts. La présence de l’invisible devient alors une évidence, on ne fait plus de distinction entre le visible et l’invisible et je peux vous dire cela parce qu’à certaines occasions, j’ai expérimenté la relation du visible et de l’invisible et quand vous êtes dans cette relation, vous n’avez absolument plus peur de la mort. Vous savez qu’il existe quelque chose qui va au-delà de tout, vers lequel nous allons et qui est beaucoup plus simple que tout ce que nous pouvons imaginer à ce sujet.
L’expérience de l’ascension du Christ est une merveilleuse continuation de ce qu’Il fait. Il est venu enseigner que la vie humaine est reliée à la vie divine, il est venu étaler le jeu sur la table en disant : « Je vous montre tout, Je ne vous prends pas en traître, regardez ce que je vis et comprenez que c’est ce que vous allez vivre ».
Nous allons vivre l’entrée dans l’Esprit et le Christ nous montre quatre manières de le faire, quatre manières de s’ouvrir à l’invisible et de vivre l’expérience de la mort.
- Chez Mathieu
C’est de partir dans le monde entier diffuser la bonne nouvelle. Diffuser la bonne nouvelle, c’est vivre le fait que nous sommes reliés à la vie divine. Si nous vivons cette relation à la vie divine, nous allons faire une expérience extraordinaire de l’invisible. Ce qui fait que nous n’avons pas de relation à l’invisible, c’est qu’on n’y croit pas. Si vous commencez à penser que la vie humaine est reliée à la vie divine, c’est à dire à une vie extraordinaire, vous franchissez les portes de la vie et de la mort et vous commencez à avoir le savoir des grands maîtres.
Nous connaissons des crises de la connaissance liées à des crises politiques et sociales majeures parce que nous sommes ignorants et parce que nous ne pensons pas notre vie reliée à la vie divine. Le résultat est que nous ne voyons pas la matière, nous ne voyons pas les hommes, nous ne voyons rien.
En quittant le monde, le Christ rentre dans l’invisible et Il relie toutes choses à la vie divine en reliant ses disciples à la vie divine. Certains d’entre eux commencent alors à préparer le monde futur, et là nous rentrons dans l’invisible et dans la vie divine.
Nous devons apprendre à vivre reliés à la vie divine, c’est à dire à nous émerveiller et à vivre intensément chaque moment de l’existence. C’est là où nous pouvons commencer à avoir les grands savoirs qui nous guérissent et nous permettent de transformer le monde.
- Chez Marc
Le Christ part à la droite du Père devant les disciples et il est dit qu’Il travaille avec eux. Il est important de voir que la relation à la vie divine se matérialise. Il est des moments où on rentre dans la vie invisible et on ne voit pas forcément Dieu mais à certains moments on peut Le voir, parler de la droite de Dieu et de la réalité divine. Ce sont les sources extraordinaires et ineffables de la réalité qui vont permettre aux hommes de travailler dans le monde.
L’Évangile de Mathieu nous met devant la diffusion et celui de Marc devant le travail. Qui dit travail, dit accouchement et entrée dans la profondeur. Depuis 2000 ans il y a eu un travail de diffusion et un travail en profondeur pour que les semences de la vie divine rentrent profondément dans notre monde et produisent la moisson.
- Chez Luc
Les disciples sont enseignés jusqu’à la fin, le Christ ouvre leur intelligence à la compréhension des écritures et il leur est donné de voir le Christ partir dans les nuées, ce qui les amène à rentrer dans le temple et à vivre dans la louange.
L’Évangile de Luc nous montre les disciples transformant la religion en profondeur. L’expérience de rentrer dans l’invisible c’est de lire vraiment les écritures et c’est la même chose que l’expérience de la mort. Si nous lisons vraiment les écritures, nous allons découvrir une parole extraordinaire que nous n’avons jamais entendu et nous allons quitter le monde. Quitter le monde, c’est la même chose que mourir, lorsque vous faites l’expérience profonde de la véritable religion, vous n’appartenez plus au monde dans lequel nous vivons parce que tout est complètement transmuté et vous vivez une expérience incroyable de naissance.
Là, nous avons l’aboutissement de la diffusion, du travail et de la lecture. La vérité c’est que la vie humaine est promise à une destinée extraordinaire et que les yeux vont s’ouvrir sur ce qu’est la réalité. Pour le moment, dans l’état du monde actuel, on ne peut pas dire ce qu’est la vérité parce que les hommes ne sont pas prêts à la recevoir et cela ferait plus de mal que de bien ; Il faut du temps et faire attention à ne pas « jeter des perles aux pourceaux », c’est à dire à ne pas inverser les modalités de la vie initiatique, à savoir que l’inférieur doit aller dans le supérieur et non pas le supérieur dans l’inférieur.
- Chez Jean
La façon dont Jean termine son Évangile est une manière extraordinaire de nous faire rentrer dans les nuées. Il nous explique qu’il y a quantités de choses à propos du Christ que nous ne connaîtrons jamais, Il a fait des choses qui vont si loin que nous sommes condamnés à n’en connaître qu’une toute petite partie et j’aime beaucoup cette idée qu’une grande partie du Christ demeurera totalement inconnue. C’est ce qui fait que nous devenons terriblement attentifs et grâce à cela, le peu que nous connaissons du Christ devient énorme. Lorsque nous lisons sa parole, nous nous disons que c’est une toute petite partie de ce qu’il y a à dire, que probablement, il y a des choses qui demeureront inconnues, et il arrive un moment où tout se met à vibrer de splendeur et de beauté.
L’Éthique de la hauteur
C’est la même chose que d’avoir l’éthique du vin et du sang. C’est ce qui se passe lorsque nous sommes capables de partir de notre réalité incarnée et charnelle pour aller au-delà de celle-ci. De l’intérieur du monde, nous sommes capables d’aller au-delà du monde et de découvrir que dans des choses très charnelles, se trouvent des choses éminemment spirituelles et transcendantes, nous avons alors un sentiment d’élargissement que nous pouvons appeler l’ivresse.
L’éthique des hauteurs et des grandeurs, c’est ce qui se passe lorsqu’on vit une véritable ouverture de conscience. Chez Pascal, la grandeur c’est la connaissance de toutes les connaissances. Lorsque pascal veut nous faire comprendre que les sources de la réalité sont spirituelles et transcendantes, il nous parle de l’immense, et du côté renversant de l’immense qui fait que le petit et immense et que l’immense est petit par rapport à ce qui est encore plus immense. Nous sommes là devant quelque chose de sidérant et à la fois, d’enthousiasmant. Nous sommes devant quelque chose de vertigineux qui ne donne pas le vertige mais qui procure un extraordinaire sentiment de bien-être, de joie, d’incarnation et de vie. Terrestres, nous faisons l’expérience du céleste. Nous sommes devant quelque chose de vertigineux et nous existons quand même.
Le Christ vient délivrer cet enseignement. Il faut lire tout ce qui se passe à propos de la vie au-delà de la résurrection comme étant la préfiguration du monde dans lequel nous vivrons. Nous allons rentrer dans le monde de la connaissance, nous allons vivre un bouleversement total de toute notre vision de la connaissance. Nous avons connu un monde marqué par l’ego et le matériel, mais ce monde est fini, il va disparaître et un monde plus créateur, plus spirituel et plus fort va venir.
C’est ce qui est dit dans la mort, la résurrection et l’ascension du Christ. Tout cela est une préfiguration du monde qui va paraître. Les choses ont commencé avec le Christ et cela fait 2000 ans qu’elles durent, mais 2000 ans, ce n’est rien dans l’histoire de l’humanité par rapport à ce que nous allons vivre.
C’est en ce sens qu’il faut lire l’expérience de l’ascension, et cela nous ramène au Christ sommeillant sur la croix. Les choses ne sont pas finies, tout est en sommeil et tout n’a pas encore vraiment commencé. Ceci doit nous amener à vivre avec la plus grande vigilance chaque instant. Si nous vivons avec la conscience du lien extraordinaire de notre vie avec la vie divine, notre vie va se transformer et devenir un arbre de vie.
Question 1 :
J’ai eu l’impression que vous parliez des Annales Akashiques, est-ce exact ?
Les mémoires Akashiques vont bien au-delà de ce dont j’ai parlé et j’ai acheté un livre qui parle des champs akashiques que je n’ai pas encore lu. Cependant, ceci rejoint ce dont on est en train de se rendre compte, c’est que le fond de la réalité est une extraordinaire conscience avec des flux d’informations extraordinaires qui partent de ce champ de conscience et de mémoire.
Bergson retrouve la grande intuition métaphysique que l’essence de la réalité est spirituelle et que le spirituel peut nous arriver sous la forme de l’idée platonicienne, de la pensée que l’on trouve chez Aristote, de la pensée infinie que l’on retrouve chez les métaphysiciens comme Leibnitz ou Hegel, ou bien encore de la mémoire fondamentale et de l’imagination créatrice que l’on trouve chez Bergson. Je pense tout à fait qu’il y a une extraordinaire source de conscience à la base de la réalité, diffusant en permanence un flux d’informations.
Si on lit les évangiles et la Bible à la lueur de cet extraordinaire champ de conscience, cela devient prodigieux et nous commençons à avoir une expérience de connaissance.
Question 2 :
Je vous ai déjà entendu au cours d’une conférence sur Teilhard de Chardin.
En parlant du commencement, ce qui m’importe c’est aujourd’hui et le fait que par un simple acte d’amour on peut déjà dégager un paradis.
Teilhard de Chardin a eu l’intuition extraordinaire qu’il y avait une relation entre le Christ et ce qu’il découvrait à l’intérieur de la vie et de son organisation. Il a eu l’intuition que de l’intérieur de la vie il y avait quelque chose qui était en « devenir Christ », ce qui donnerait du sens à cette parole de Saint Paul disant que la nature est dans les douleurs de l’enfantement.
Vous parlez du commencement, de l’amour et du présent. Lorsque je parle de l’amour, j’aime bien parler de l’amour absolu pour qu’il n’y ait pas de confusion avec l’amour psychologique. L’amour absolu est la capacité de vivre totalement quelque chose ou quelqu’un. Et là, vous avez tout à fait raison, on sort du temps, on est dans le temps de tous les temps, le fait de vivre absolument ce qui est, a été et sera toujours totalement vrai. Et là, il y a une source extraordinaire de connaissance et d’information. Cette expérience de la vie la plus haute c’est paradoxalement la même chose que la mort au sens créateur qui est le fait de se libérer totalement et de rompre avec le monde qui n’est pas.
Tout ce que je dis a déjà été dit et redit par les maitres et il faut continuer à le dire. J’ai le sentiment de devoir retrouver des enseignements perdus pour ma génération et le monde dans lequel je vis. J’ai vécu dans un monde fracassé qui a perdu son lien avec les enseignements fondamentaux et il me semble important de permettre à ce monde de retrouver ses bases et ses fondamentaux. Je me suis senti appelé par le drame de ma génération qui en Mai 68 voulait tout changer avec beaucoup de générosité, mais aussi avec beaucoup de chaos et d’ignorance. Elle n’y est pas arrivée parce qu’il a manqué les grands maitres et la haute connaissance.
C’est la raison pour laquelle, je pense que nous allons vivre à nouveau, mais positivement, un retournement spirituel et philosophique où, cette fois, nous retrouverons cet enseignement qui n’a pas été trouvé. Je pense que depuis 50 ans, nous avons vécu une contre initiation, nous avons vécu à l’envers, il y a de formidables intelligences, mais elles ont tout pensé à l’envers, faute de connaissance. On sentait qu’il fallait qu’il y ait une connaissance qui vienne mais on n’a pas eu les moyens de la trouver.
Maintenant, je pense que les temps sont murs pour, peut-être, pouvoir vivre cette connaissance que nous aurions dû trouver. Il est très intéressant de comprendre comment quelqu’un qui était au bord de la grande initiation, comme Camus, a loupé l’initiation. Il a le sens de l’absurde, ce qui est extraordinaire au niveau spirituel, il a le sens de la beauté du monde, mais malheureusement il a été fauché trop tôt par la mort. Il avait quelque chose à vivre et à faire en profondeur.
Question 3 :
Vous avez mentionné au début que l’évènement de l’Ascension est un peu perdu entre Pâques et la Pentecôte, pourquoi l’Ascension ne fait-elle pas l’objet d’études ou de sermons plus approfondis ?
Je crois que nous avons approché le mystère de la haute connaissance dans laquelle nous sommes mais il me semble que les préoccupations socio-politiques ont parfois beaucoup freiné l’Eglise et qu’elle a eu peur de développer cette haute connaissance, pensant que cela n’était pas urgent. En général, le discours de l’Eglise est un discours de pacification et de changement de vie. Moi-même, j’ai très peu entendu parler de la haute connaissance, pourtant, un lendemain de Noël, j’étais dans une église catholique où j’ai entendu le prêtre dire que l’essence de la vie chrétienne est la connaissance de Dieu et j’ai entendu la même chose une semaine plus tard dans une église orthodoxe.
Tout le monde parle de connaissance mais on n’ose pas trop y aller, pourtant, il faut y aller et il faut savoir que, contrairement à ce qu’on pense, c’est ce que les gens attendent. Le Christ parlait en paraboles au peuple, il n’y a pas plus difficile à comprendre que les paraboles, mais le peuple comprend très bien parce que si le Christ lui parle en paraboles, c’est qu’il l’honore et qu’il pense qu’il est parfaitement capable de comprendre. On se rend compte par exemple que chez des femmes du peuple comme la femme hémorroïsse ou la cananéenne, il y a de hauts niveaux d’intelligence.
Par expérience, je me suis rendu compte que lorsqu’on se situe à de hauts niveaux d’intelligence, curieusement, les gens comprennent très bien et très vite. Donc, il faut que l’on retrouve ce langage et une expérience spirituelle créatrice. Cela demande une véritable révolution culturelle qui dise que les religions, et en particulier l’Evangile, sont un matériel de connaissance incroyable donné à l’humanité. Cela demande beaucoup de liberté et d’originalité. Berdiaef a commencé à y aller, mais il n’est pas allé assez loin à cause des tensions de son époque. Nous sommes dans un monde totalement nouveau et tout ce dont nous avons parlé va amener des semences dans un nouveau monde et cela va être très heureux.
Moi-même je ne savais pas tout cela, et cela m’a été enseigné au fur et à mesure d’un travail profond de méditation sur les Evangiles.
Question 4 :
Lorsque j’étais au catéchisme je me suis toujours demandé pourquoi on me racontait des « salades » pourquoi on voulait me faire croire que quelqu’un descendait de ciel comme le Père Noël et pourquoi lorsque je posais des questions un peu profondes on ne pouvait pas me répondre. Comment pourrions-nous changer cela ?
Je pense qu’il y a beaucoup d’ignorance et peut-être de la paresse ainsi qu’un manque de travail. Bien sûr qu’il y a des choses qui viennent du ciel sur la terre, mais qu’est-ce que cela veut dire ? L’Eglise dit qu’il a des choses qui viennent du ciel sur la terre, mais elle s’arrête là et on doit y croire sans chercher plus loin. C’est une catastrophe ! Il s’agit de dire à un enfant « Je vais te parler du ciel et de la terre, mais on va prendre le temps car cela va très loin, c’est très profond et cela ne peut pas s’expliquer en une minute ». Je m’aperçois que dans le spirituel ou la philosophie, c’est souvent ainsi, on va à toute vitesse, on ne travaille sur rien. On parle d’écologie, mais qui travaille véritablement sur la nature ? On parle de la femme, mais qui travaille véritablement sur la femme ? On veut tout de suite prendre le pouvoir, changer les choses, et on ne prend pas le temps de travailler. Il en est de même pour les Evangiles, on nous parle du ciel et de la terre, mais on ne sait pas ce que cela veut dire, on ne met pas en relation l’homme, le Christ, le pain, le vin, le corps, le sang, l’humain, le divin … On est pauvres, il nous manque de la passion, le d’amour, de l’émerveillement, pour parler de tout cela.
Le Christ enthousiasmait les foules parce que c’était un poète et un mystique. Il disait aux prêtres de son temps « vous n’avez aucune poésie, aucun amour, aucune passion et vous êtes en train de tuer la parole divine, vous faite de la politique et des sermons de morale et vous ne vivez pas ! vous êtes morts. ». Nous avons des merveilles à tous les niveaux, mais, et cela est très français, on pense d’abord à se bagarrer, à se venger, à régler des comptes, on pense « contre » et jamais « pour ».
Le prêtre qui doit parler du ciel et de la terre craint que les gens ne comprennent pas et il passe en force, au lieu de dire que les choses ne sont pas faciles à comprendre et d’expliquer ce que lui a compris et où il en est.
Ce serait beaucoup plus clair s’il disait simplement ce que lui a compris de Dieu et comment les choses lui paraissent cohérentes.
Nous avons tous les ingrédients pour vivre heureux et résoudre tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés, seulement, on ne vit pas. Nos dissentions politiques, nos paresses et notre négativité nous pourrissent la vie. Il faudrait une révolution de l’émerveillement, de la passion et de l’enthousiasme. Il faut être passionné par la vie car le fait de vivre, c’est passionnant ! Si on prenait le Christ ainsi, ce serait génial et c’est ce que veut dire l’humilité. Si nous nous faisons tout petit devant Lui, Il va parler à l’intérieur de nous-mêmes, l’expérience divine existe et le dialogue avec Dieu est une réalité.
Question 5 :
Vous avez dit qu’il faut faire attention à l’enseignement que l’on donne, pouvez-vous préciser votre pensée ?
En France, nous ne savons plus rien de ce qu’est la religion, et le christianisme. Nous sommes devenus incroyablement ignorants et il est très difficile de parler des choses divines et religieuses. Les esprits ont été conditionnés par une idéologie qui a tout mis à l’envers et il faut travailler à remettre les choses à l’endroit. L’intérêt de notre monde c’est que, comme on est obligés de tout reconstruire, ceci est très vivant et très exigeant. Comme souvent les choses négatives deviennent les meilleures ambassadrices des choses positives. On met beaucoup de bâtons dans les roues pour parler des choses spirituelles, et c’est formidable car celles-ci en ressortent grandies et renforcées.
Je remarque que si je parle inconsidérément des choses spirituelles, je peux générer des phénomènes de grandes colères et de fortes agressivités. Il faut donc faire attention parce que beaucoup de personnes se sentent agressées car cela bouleverse les certitudes dans lesquelles elles ont grandi. Il faut savoir parler à bon escient, je pense qu’on peut parler de tout à tout le monde, mais il faut bien choisir les temps et bien comprendre ce que l’interlocuteur est capable d’accepter. N’oublions pas que dans un pays comme le nôtre, la religion et le christianisme en particulier, c’est l’ennemi, la France a guillotiné des prêtres et elle continue de le faire mentalement. La France est un pays violemment antichrétien et anti-religieux avec, en même temps, un passé religieux magnifique et extraordinaire.
La question religieuse est très compliquée et il faut parler de choses spirituelles dans un cadre défini. On peut alors donner un enseignement de façon positive. Lorsqu’on parle des choses divines, on ne peut pas le faire n’importe comment, et parfois, ne pas en parler est la meilleure façon d’en parler. Il y a parfois des discours religieux contre-productifs.
Question 6 :
Vous avez dit que le pain est la connaissance divine qui vient vers l’homme et que le vin c’est l’inverse. Pouvez-vous préciser ?
Le Corps et le sang, le pain et le vin, c’est la même chose que la connaissance qui vient d’en haut et qui descend dans le monde (le pain) et la connaissance qui vient du monde qui monte vers le ciel (le vin).
Saint Paul utilise le langage du sang pour parler de l’intimité qu’il y a entre Dieu et les hommes car à son époque lorsqu’on voulait s’unir intimement on s’ouvrait les veines pour faire sang commun. On utilise un langage charnel pour exprimer des choses qui ne sont pas du tout charnelles. Beaucoup de personnes pensent que l’on mange le Christ, en effet on se nourrit du Christ, mais à quel niveau en parle-t-on ? Le but de cela c’est l’éveil de votre propre présence à la divine présence, vous êtes dans le pain et le vin lorsque la présence de votre être communie avec la présence divine. C’est quelque chose de charnel et vivant et c’est pour cela que l’on parle du pain et du vin.
Comprendre cela permet de sortir des ambiguïtés d’un langage parfois assez violent car on peut avoir l’impression que le chrétien est un anthropophage qui mange le corps et le sang du Christ sans voir ce que cela signifie en profondeur d’un point de vue mystique, donc il faut tout retraduire. Mais cela donne des choses très réelles, si vous vivez dans un rapport divin de présence à présence, vous aurez l’impression d’être nourri avec un pain délicieux, de boire un nectar, vous aurez l’impression que cela rentre dans votre corps et même dans votre sang, tout cela vous le vivrez.
Je suis étonné de voir à quel point nous avons oublié tout cela, nos contemporains ne savent plus ce dont il est question lorsqu’on parle du pain et du vin.
Question 7 :
Lors d’une communion, j’ai eu l’intuition et le ressenti de manger des cellules souches, c’était une expérience très charnelle qui m’ouvrait à une relation au divin.
Vous avez vécu une expérience totalement spirituelle mais qui rentrait dans vos cellules. Vous savez, les paroles très profondes rentrent dans nos cellules, à certains moments, vous vivez des sensations profondes derrières lesquelles il y a des choses très spirituelles. Tout est lié, j’ai le sentiment que lorsqu’on est dans la vie juste, la vie céleste, les cellules du corps sont contentes et qu’il y a une relation entre les cellules et la vie céleste.
On ne peut pas séparer le corps et l’âme, l’humain et le divin, le terrestre et le céleste, tout ce qui se passe dans l’un se passe dans l’autre. Dieu parle toujours par le corps, lorsque vous êtes dans quelque chose de juste, vous êtes bien, sinon vous êtes mal et vous pouvez générer des maladies terribles.