La résurrection

La résurrection

Il est important de faire une différence entre l’imagerie populaire de la résurrection et l’événement profond qui touche le cœur, qui va dans le noyau de notre être et qui ne relève pas de l’image. Lorsqu’on se situe au niveau de l’image, on ne peut pas comprendre de quoi il s’agit ou bien la vision que l’on a est extrêmement naïve.

La résurrection envoie à l’événement le plus fondamental et le plus extraordinaire qui soit, à partir du moment où on le comprend.

Pour bien comprendre tout ce dont il est question à propos de la résurrection et pour bien comprendre tout ce qui se passe dans les évangiles, dans la vie spirituelle et dans la vie de l’humanité, il importe de faire la différence entre la vie et la Vie qui EST, l’individu et l’individu qui EST, le monde et le monde qui EST, L’expérience de la vie et l’expérience de la vie qui EST.

La vie qui EST

La vie réelle c’est la vie qui EST, celle qui est totalement vécue et qui débouche sur un monde qui est totalement vivant dans une relation totalement vivante, c’est la vie au sens fort. Je peux faire l’expérience de la vie qui EST lorsque je rentre en moi-même et que je me contente d’être, en vivant ce que je vis. Je m’aperçois que je suis dans l’existence, mais je suis aussi dans l’être et je vis la rencontre entre l’être et l’existence qui s’appelle la plénitude.

Une bonne image de cette vie, c’est la vie poétique, la vie de l’âme, où les choses me parlent et où mon intériorité trouve à s’exprimer dans le monde, et plus encore, dans la profondeur même de la vie.

L’expérience la plus libératrice qui soit est celle qui consiste à comprendre que nous sommes fondamentalement vivants et que le monde est fondamentalement vivant. A ce moment-là nous avons une impression de plénitude. Le drame de la vie, c’est lorsque nous restons en superficie, que l’individu et le monde ne vivent pas, que rien ne vit et nous étouffons dans ce monde, nous sommes crucifiés. La vie, la mort et la résurrection, se trouvent toutes entières dans le passage de la vie à la Vie qui EST. C’est la raison pour laquelle, le nom de Dieu est « Je Suis » ». Lorsque Dieu donne son nom, il nous donne une clef qui libère toute l’existence. Lorsque le Christ vient, il enseigne la Vie qui EST, il enseigne le « Je Suis ». La résurrection, c’est exactement cet état où je passe de la vie à la Vie en plénitude.

Pour parler de la résurrection je vais aborder trois éléments : Le sommeil du Christ, la profondeur du vide, la libération d’Adam. J’ai déjà parlé de la résurrection en expliquant que, sur la croix, c’est le Satan qui est crucifié. Mais il nous faut aller plus loin, en nous fondant sur le texte pour comprendre que la résurrection commence sur la croix elle-même.

La crucifixion du Christ n’est pas un sacrifice.

Il faut comprendre que le Christ ne s’est pas sacrifié et il ne faut pas voir la crucifixion du Christ comme un sacrifice. Rien n’est plus éloigné de la crucifixion que l’image du sacrifice, l’image d’un Dieu qui demanderai à l’humanité de payer ses péchés et du Christ qui viendrai sur la croix pour payer la dette. La crucifixion nous emmène dans tout autre chose, qui est le contraire du sacrifice. Dieu n’exige aucun sacrifice, Il ne veut pas que le sang coule, et le Christ n’est pas venu dans le monde pour souffrir et mourir sur la croix afin de payer la dette. L’idée d’un Dieu qui réclame des sacrifices et que le sang coule, est une idée archaïque qui a été constamment manipulée par les pouvoirs politiques pour maintenir les peuples dans la terreur.

Les Aztèques pratiquaient des sacrifices et faisaient couler des torrents de sang. Ils faisaient des sacrifices, disaient-ils pour entretenir la course du soleil, en réalité, les sacrifices renvoyaient à un système politique terrifiant qui maintenait la paix grâce à la terreur.

La caractéristique de la Bible et des Évangiles, c’est de sortir l’humanité de la tradition du sacrifice, afin de découvrir un autre Dieu. Dans les psaumes 49 et 50, nous pouvons lire : « Car si tu voulais des sacrifices de sang, je te les aurais donnés, mais tu ne veux pas des sacrifices de sang, mais des sacrifices de louange ». Dans la Bible, il nous est donné un tout autre Dieu. Mais ce Dieu ne va pas de soi car il y a une idée très profondément ancrée dans l’inconscient de l’humanité, qui est celle de la nécessité de la violence. Cette vision des choses est totalement archaïque et ne tient pas du tout compte de la Parole. Dans l’humanité, il y a une organisation du monde qui se fonde sur la violence et une organisation du monde qui se fonde sur la Parole.

La Bible et les Évangiles viennent enseigner une organisation du monde qui se fonde sur la Parole. Il n’y a pas besoin de faire couler le sang. Si l’homme fait l’expérience de la divine présence, il a tout pour ordonner le monde et s’ordonner lui-même.

Par rapport à cela, la position de Saint Paul est singulière parce que d’un côté il reconnaît que la croix est un scandale et il s’inscrit dans l’enseignement du Christ. Mais si nous lisons l’épître aux Hébreux, nous apercevons chez Saint Paul, une curieuse, et étonnante régression de celui-ci vers le sacrifice. Saint-Paul nous dit que le Christ est venu s’offrir en sacrifice pour payer notre dette envers Dieu. Comment comprendre que Saint Paul puisse, à la fois, voir un scandale et un sacrifice dans la croix ?

Je crois qu’il y a deux raisons majeures à cela. Saint Paul est un ancien zélote juif qui a persécuté les chrétiens par zèle envers sa tradition, c’est quelqu’un d’extrêmement zélé qui ne fait pas les choses à moitié. Il est devenu chrétien à la suite d’un retournement sur le chemin de Damas où, sans l’avoir vu, il a « rencontré le Christ ». C’est la raison pour laquelle il est le fondateur du christianisme, car le christianisme se trouve chez ceux qui, comme Saint Paul, n’ont pas réellement rencontré le Christ. Saint Paul est donc un ancien juif devenu chrétien. Dans l’épître aux Hébreux, son souci est de réconcilier les hébreux et les chrétiens. Pour cela, il essaye de faire comprendre aux juifs que le Christ est profondément en accord avec tout un aspect de la religion juive, et il dresse un parallèle entre l’alliance entre Dieu et Moïse et la nouvelle alliance avec le Christ.

Lorsque Moïse a reçu les 10 commandements, Moïse a pris le sang des sacrifices et il en a aspergé le Livre, le Tabernacle et les instruments du culte. Saint Paul compare cela à la crucifixion de Jésus. Dans le passé lorsqu’on voulait s’unir on le faisait par le sang et Moïse pratique ce geste avec Dieu, il veut créer avec Dieu une alliance par le sang. Saint Paul nous dit que le christ voulait tellement que la Parole divine vive, qu’il est mort et qu’Il a répandu son sang pour elle. Autrement dit, lorsque Paul explique que le Christ a opéré un sacrifice, il ne pense pas au sacrifice habituel où on sacrifie un innocent pour apaiser la colère de Dieu ou de la foule. Le sacrifice du Christ renvoie davantage à une union intime avec Dieu, le Christ est mort pour que la Parole divine vive. On peut dresser un parallèle avec la mort de Socrate, Socrate est mort pour la philosophie, c’est dire si la philosophie est vivante, et par sa mort, Socrate fonde la haute spiritualité de la pensée. Il fonde la vie de la pensée sur sa propre mort. Pour Saint Paul, le Christ fait un peu la même chose, Il scelle la profondeur de la parole divine en mourant pour celle-ci.

Cependant, Saint Paul est demeuré un zélote, il est hanté par la folie, pour lui les choses sont réelles si elles sont folles. Lorsqu’il est question de la charité, il dit que pour que l’amour existe, il faut que ce soit un amour fou. De même lorsqu’il parle de la sagesse, il dit que la vraie sagesse est folle. Cela explique ce que Saint Paul appelle « la folie de la croix ». Pour Saint Paul, un vrai Dieu est un Dieu qui est fou, fou d’amour, fou de sagesse, fou de générosité, fou de don de lui-même, et la croix est l’expérience de cette folie.

Je voudrais montrer tout autre chose à propos de la croix.

Le sommeil du Christ

Certes la folie n’est pas le sacrifice, néanmoins, cela y conduit et cela nous maintien tout de même dans quelque chose de violent. Dans les Évangiles, Dieu ne veut plus de sacrifice, et en ce sens, la croix n’est pas un sacrifice offert à Dieu. Il ne faut pas non plus interpréter la croix sur le mode de la folie et du don total, parce qu’on y retrouve tout le langage sacrificiel, et ce n’est parce qu’on SE sacrifie, que l’on sort de la logique du sacrifice.

Je crois qu’il faut absolument que le christianisme sorte du dolorisme dans lequel il évolue depuis 2000 ans. Arrêtons d’être fasciné par le sang, par la violence et par la folie, non pas pour avoir un christianisme tiède, mais pour revenir à la profondeur de ce qui est.

Sur la croix, avant de mourir, le Christ a prononcé un grand cri, on le trouve chez Luc : « Père pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Je crois que cette parole du Christ est la clef de la résurrection. Beaucoup de commentaires de cette parole, expliquent que le Christ est désespéré et qu’il est venu partager notre désespoir. Il y a toute une interprétation du christianisme qui aime voir dans le Christ un homme comme nous, et pour qui Dieu est crédible parce qu’il est un homme et non pas parce qu’il est Dieu.

Je crois que cette vision est très narcissique et égocentrique, ramenant tout à l’homme, c’est le Christ pour nous, le Christ est vraiment le Christ dans la mesure où il souffre pour nous, où il vit pour nous, où il est comme nous.

Personnellement, ce qui m’intéresse, ce n’est pas que le Christ soit comme moi, ce n’est pas qu’Il souffre comme tout le monde, mais c’est qu’Il dise des choses qu’on n’a jamais entendues, qu’Il fasse des choses que l’on n’a jamais faites et qu’il soit totalement nouveau. Je vous propose une autre interprétation de cette Parole de Jésus : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Ce n’est pas un cri de désespoir, et si ça l’était, ce serait l’échec absolu des Évangiles. Cette parole se trouve dans le psaume 22 qui commence par ces mots : « Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? Mon Dieu je crie pendant le jour et tu ne réponds pas. »

Le Christ sur la croix, prononce la Parole d’un psaume, il ne la prononce pas pour lui, pour exprimer son malaise, il la prononce pour nous. Il prononce la Parole d’un psaume parce que, sans arrêt, le Christ s’efface devant le Père et laisse parler le Père et les écritures, comme Il le fait lorsqu’il est confronté au tentateur.

Si on observe la structure des psaumes, et en particulier du psaume 22, nous voyons qu’au début du psaume, le psalmiste semble désespéré, il crie vers Dieu « pourquoi m’as-tu abandonné » mais la fin du psaume est tout autre puisque Dieu l’ayant entendu, le psalmiste est dans la louange. Effectivement, si l’on prend la première parole du psaume de manière isolée, elle ensemble désespérée, mais si on prend le psaume dans sa globalité, on voit que cette parole est une préparation à la louange. Cette parole permet au psalmiste de se vider et de devenir un cri pur, une louange pure.

Sur la croix, le Christ fait le vide, il pousse un grand cri pour amener la louange, tout est en train d’être purifié et nettoyé. Nous rentrons là dans quelque chose qui n’a rien à voir avec le désespoir, mais au contraire, avec une formidable mutation. Tous les moments de mutation dans les psaumes sont introduits par des paroles qui semblent être du désespoir. Le psalmiste commence par se plaindre, mais à force de se plaindre, il est dans la parole, à force d’être dans la parole, il est dans la louange et à force d’être dans la louange, il est dans l’émerveillement. C’est cela qui se passe sur la croix, le Christ permet la préparation, pour le monde, de la louange et de l’émerveillement.

Cela permet de comprendre pourquoi, sur les icônes orthodoxes de la crucifixion, le Christ apparaît comme dormant sur la croix au lieu de dégouliner de souffrance comme dans certaines représentations chrétiennes. Le sommeil du Christ sur la croix, c’est le moment de l’existence où, comme nous le faisons lorsque nous dormons, Il met en parenthèses sa relation au monde extérieur pour rentrer dans le monde intérieur qui est le monde où l’être nous parle. Toutes les nuits, sans nous en rendre compte, nous allons, par le sommeil, dans le plus intime de notre être qui nous restaure et nous répare pour pouvoir vivre le jour à nouveau.

L’expérience du sommeil est une expérience de résurrection et de plongée dans l’être grâce à l’inconscience. Lorsque le Christ sommeille sur la croix, Dieu agit et la divine inspiration va pouvoir l’habiter totalement alors que le Christ va mourir et aller dans les enfers. Toute l’expérience de la résurrection c’est l’expérience des trois jours entre le vendredi saint et la résurrection. Ces trois jours sont absolument capitaux, car c’est là que se passe toute la mutation de l’humanité.

Le Christ n’est pas en train de se sacrifier, il n’est pas non plus dans un acte de folie, mais il est dans un acte de haute sagesse pour notre mutation vers l’émerveillement et la louange. Ceci passe par le fait de pousser ce cri qui permet de faire le vide de tout et cela se continue par le sommeil.

On peut mettre en parallèle le sommeil du Christ sur la croix avec un épisode tout à fait extraordinaire des Évangiles lorsque Jésus et ses disciples traversent la mer en bateau pour passer sur l’autre rive. Tout à coup une tempête terrible s’empare des flots en menaçant le bateau, et pendant la tempête, le Christ dort. Les disciples le réveillent « Maître sauves-nous car nous allons périr ! », le Christ se réveille, il apaise les flots et le vent devant les disciples stupéfaits et leur dit : « Que votre foi est faible ! » et cela se termine par des disciples interloqués qui se demandent qui est celui qui commande aux vents et aux flots.

Cette scène, c’est la résurrection avant la résurrection. Lorsque le Christ s’endort, Il va dans l’Être et lorsqu’on va dans l’Être, il est normal que l’on éveille à la fois les forces les plus profondes qui se trouvent dans les eaux et les forces les plus puissantes qui se trouvent dans les airs et ça ne l’empêche pas de dormir. Si les disciples avaient la foi, ils verraient ce qui se passe derrière la tempête et ne prendraient pas celle-ci au premier degré, ils sauraient que derrière tout événement, il se passe des choses éminemment spirituelles. Comme ils ne sont pas encore prêts, le Christ est obligé d’apaiser le tourbillon et de calmer les choses.

Nous avons là un premier élément de la résurrection : comprenons la crucifixion, non pas comme un sacrifice, mais comme une mutation fondamentale de notre être et en particulier comme un éveil prodigieux de la relation qu’il peut y avoir entre le ciel et la terre.

La profondeur du vide

La mort et la résurrection du Christ, c’est l’événement métaphysique par excellence, c’est la réponse à toutes les questions que l’on peut se poser à propos de la vie, de la mort et du sens de notre existence. En ce sens, c’est l’événement le plus « philosophique » qui soit. Dans les grandes souffrances de l’humanité, il y a la douleur du corps, la douleur de l’âme, et puis il y a la douleur métaphysique. La douleur métaphysique repose sur le sentiment de l’absurde, du désespoir et de la vanité de toutes choses, lorsque notre vie n’a aucun sens et aucun écho spirituel, à la longue, nous mourrons, et parfois, nous nous suicidons.

On ne peut pas vivre une vie absurde et dépourvue de sens, il n’y n’a pas besoin que tout ait un sens, mais nous avons besoin de vivre des choses qui aient de la valeur et pour lesquelles il y ait du sens à les vivre. Ce qui répond à nos interrogations métaphysiques les plus profondes, c’est l’idée que nous ne rêvons pas quand nous pensons que la vie a absolument du sens et qu’il est possible de dialoguer avec ce sens absolu, c’est cela qui donne du sens à notre vie.

La résurrection, c’est la réponse à la question profonde du sens de la vie, avec l’idée simple que la vie est plus forte que la mort. Nous avons l’intuition que la vie est plus forte que la mort lorsque nous vivons des moments de beauté, et de profondeur, lorsque nous sommes confrontés à des choses merveilleuses au point de vue moral. Nous avons le sentiment qu’il y a quelque chose d’intemporel dans ces moments, et souvent nous aimerions qu’ils durent toujours. Lorsque nous vivons des choses importantes et essentielles dans la vie, nous sentons confusément qu’elles ne peuvent pas mourir et qu’elles ne sont pas concernées par la mort.

Par sa mort et sa résurrection, le Christ vient confirmer cela en disant en substance : « Vous avez cru que la vie avait du sens, vous avez cru qu’il avait une source d’existence infinie, je viens par ma vie, vous dire que vous n’avez pas rêvé ». Le Christ nous apporte une confirmation d’être car Il est, par excellence, la réalisation de la Vie qui EST, de l’individu qui EST, du corps qui EST.

Nous pouvons alors avoir la réponse au plus grand des mystères qui est celui du corps ressuscité. Lorsque Socrate meurt pour la philosophie, il fait vivre l’importance de la philosophie, et en faisant cela, il devient en quelque sorte immortel. Lorsque le Christ meurt et ressuscite, il ne le fait pas pour faire vivre la religion, il meurt pour faire vivre le corps et pour répondre à tous ceux qui disent qu’ils ne croiront à la résurrection que s’ils peuvent toucher le corps (comme Thomas). Le Christ vient pour montrer que la vie est tellement plus puissante que la mort, qu’elle va jusque dans la profondeur du corps.

Ce qui permet d’aller dans la profondeur du corps et de découvrir le corps ressuscité, c’est l’expérience qui consiste à vivre sans division dans une unité absolue avec soi-même. Lorsque je vis dans une unité absolue avec moi-même, je suis à la fois dans le visible et dans l’invisible, et je  m’aperçois que j’ai un  corps qui est capable d’Être, et surtout, je ressuscite mon corps. Dans la vie courante, lorsqu’on n’Est pas, on ne vit pas, rien n’est sensible, rien n’existe, tout est mort. Lorsqu’on se met à Être, tout devient sensible et le corps se met à exister. Le Christ ressuscite avec son corps parce qu’il est absolument dans l’Être, il est dans l’absolue sensibilité et il libère la sensibilité absolue.

Celle qui a fait l’expérience de la résurrection avant la résurrection, c’est la femme hémorroïsse. Cette femme perdait son sang depuis des années et elle a perdu toute sa fortune pour essayer de guérir. Elle dit : « Si je ne fais que toucher le vêtement de Jésus, je vais guérir ». Seul un être qui est allé dans son Être peut arriver à ce niveau de conscience, cette femme est l’exemple de la sensibilité absolue, elle est parvenue au plus haut degré de sensibilité qui soit et elle fait l’expérience du corps. Nous essayons toujours de contrôler les choses avec notre mental, mais si nous laissons faire la nécessité de l’Être qui se trouve à l’intérieur de notre corps, nous pouvons faire des choses stupéfiantes.

Ce qui permet à un somnambule de marcher le long d’une gouttière sans tomber, c’est parce que l’Être profond qui est en lui s’exprime totalement.

Sur la croix, le Christ laisse vivre les profondeurs de son corps en laissant agir la source divine qui est en lui, et il rentre dans la sensibilité absolue. En disant cela, je ne prétends pas expliquer la résurrection, mais je veux simplement montrer que tout ce qui se passe est extrêmement cohérent à partir d’une expérience intérieure.

Le matin de la résurrection, lorsque les femmes vont au tombeau, elles s’attendent à trouver un corps, mais il n’y a pas de corps et le tombeau est vide. Le tombeau vide peut vouloir dire qu’on a pris le corps de Jésus pour faire croire qu’Il est ressuscité, mais cela n’est pas possible car tout a été fait pour empêcher cela.

Le tombeau vide et la résurrection c’est la même chose, il n’y a pas de cadavre. Lorsqu’on rentre dans la sensibilité absolue, on rentre dans l’Être du corps, et il n’y a pas de cadavre, il n’y a pas de cadavre au sens du corps mort. Lorsque je suis totalement inspiré je rentre dans le totalement vivant, et dans le totalement vivant, il n’y a pas de mort. Dans l’apocalypse, devant l’avènement de la Jérusalem céleste, il est dit que la vie est totalement nouvelle et il n’y a plus de deuil, de cri et de larme.

Thomas

Dans les Évangiles, les disciples étant rassemblés, le Christ leur apparaît mais l’un des disciples qui n’était pas là, ne croit pas à la venue du Christ. Il dit : « Je croirai que le Christ est ressuscité si je peux voir les traces des clous sur ses mains et si je peux mettre ma main dans ses plaies. Les prêtres qui voulaient tuer le Christ craignaient qu’on vole son corps pour faire croire qu’il était ressuscité, Thomas craint qu’une autre personne se fasse passer pour Jésus. Le lendemain le Christ apparaît de nouveau aux disciples réunis dans une pièce close, Il demande à Thomas de s’approcher et mettre ses mains dans ses plaies. Thomas qui était incrédule, croit.

L’épisode de Thomas renvoie à ce que j’appellerai, la générosité de la résurrection. Dans la résurrection, c’est Jésus ressuscité qui est le sens de Jésus mort, c’est la résurrection qui donne du sens à la mort, et non l’inverse, à savoir que Jésus mort donnerait du sens à Jésus ressuscité. Thomas pense à l’envers car il pense que c’est Jésus mort qui valide Jésus ressuscité. Thomas pense cela parce que, pour tout le monde, être ressuscité, c’est être toujours le même et on n’aperçoit pas l’information donnée par la résurrection. Cette information c’est qu’on n’est plus le même et que ce n’est pas la mort qui donne du sens à la vie.

Ce qui est très beau dans la résurrection, c’est que même à l’envers, il est possible de croire à la résurrection, comme c’est le cas pour Thomas.

La libération d’Adam

Sur une icône, on voit le Christ tout en blanc dans un cercle de lumière, qui vient libérer Adam. Cette icône est extrêmement surprenante car elle contraste totalement avec la vision que l’on a de la résurrection. Lorsque nous pensons la vie éternelle sur le mode du corps perpétuel et de l’humanité perpétuelle, nous pensons la vie et la mort sur le mode de ce que les bouddhistes appellent la roue des naissances et des morts. Nous entendons par résurrection la renaissance de ce que nous sommes et du monde qui est, mais ceci est l’image même de l’enfer et les bouddhistes ont raison, tout va toujours revenir et si tout revient toujours, la souffrance reviendra toujours.

Ce qui fait que nous sortons de la souffrance, ce n’est pas le fait que nous renaissions à ce que nous sommes et à ce qui est, mais c’est que nous arrêtions de renaître et de vouloir avoir le même corps, la même famille et le même monde. Nous trouvons là la définition de l’enfer donnée par Sartre dans huis-clos, c’est un monde qui tourne en rond sur lui-même et qui ne s’en sort pas. La résurrection vue dans les icônes, c’est le fait de sortir de l’enfer, c’est l’image d’une vie libérée, d’une vie qui avance. Dans l’apocalypse, la fin du monde n’est pas la destruction du monde, mais c’est enfin la nouveauté. La vie est une affaire de nouveauté, la nouveauté est très bien décrite par Denys l’Aréopagite lorsqu’il décrit ce qu’est Dieu et ce qu’est la vie en Christ en disant : « La vie et Dieu sont tellement vivants que c’est peu de dire qu’ils sont vivants » là nous avons une expérience de la nouveauté, à savoir que ce qui est nouveau c’est quelque chose qui est tellement vivant et tellement neuf que cela dépasse tout ce que je peux imaginer et cela me met en face d’un commencement absolu.

Le Christ n’est pas venu réparer l’humanité pour qu’elle reste ce qu’elle est. Il est venu parler de toute chose comme on n’en a jamais parler pour vivre une existence telle qu’on n’en a jamais vécu. Il y a là, l’information du radicalement nouveau et de d’absolument neuf. Notre noyau d’être est formé par l’information céleste du radicalement nouveau. L’expérience de penser qu’il y a, au fond de notre être, du radicalement nouveau et que nous sommes ce radicalement nouveau permet de ne plus désespérer. On se lamente à propos de la mort et de la souffrance mais le message de la résurrection c’est qu’il n’y a pas de quoi se lamenter puisque nous ne sommes pas encore nés et les choses n’ont pas encore commencé.

Imaginons que nous nous mettions à vivre avec l’idée qu’on ne vit pas encore et que le monde n’a pas encore commencé, nous aurions l’éradication à la racine, du désespoir, de l’orgueil et de la folie de l’humanité, nous aurions quelque chose de totalement nouveau.

Lorsqu’il est dit que le Christ est venu libérer Adam, c’est cela qui est en jeu. L’apocalypse utilise l’expression « homme premier » et Saint-Paul la métaphore du « Vieil homme », c’est la même chose, c’est un homme qui ne connaît pas la nouveauté. Ce qui fait que l’on vit, c’est qu’on est capable de revivre et d’abandonner l’homme premier. Mentalement, nous sommes dévorés par la mort jusque dans la manière de voir la résurrection. Cette manière est celle du vieil homme ou de l’homme premier, c’est celle de quelqu’un qui n’a pas la connaissance, qui n’y croit pas et qui n’a pas compris.

Ce qui est tout à fait nouveau dans la résurrection, c’est l’expérience que fait le Christ de l’Être à l’état pur, qui touche le corps et qui permet d’ouvrir une sensibilité absolue et de connaître un corps tel qu’on n’en a jamais vécu.

La résurrection est celle de la connaissance, actuellement tous nos modes de pensées sont dévorés par le passé, par la mort et par des mécanismes où le potentiel de création est paralysé parce que personne ne pense en fonction de l’inimaginable. Entre le vendredi Saint et le dimanche de la résurrection, il se passe trois jours durant lesquels a lieu la rénovation totale de notre être à partir de la rénovation de la source, de la transformation et de l’avenir, c’est-à-dire du sens même de la vie divine.

La manière dont nous pensons la vie divine est une manière brisée qui nous est montrée dans les trois tentations auxquelles le Christ est confronté. Ces trois tentations décrivent le monde de la mort, le monde non ressuscité où on appelle nouveauté le fait de jouer avec tout, avec les hommes, avec Dieu et avec le royaume qui est la relation entre Dieu et l’homme.

Jouer avec l’homme c’est croire qu’on transforme les pierres en pains par un prodige, mais on transforme les pierres en pain lorsque on comprend que l’homme ne vit pas que de pain et qu’on se libère du pain. On croit que l’on peut jouer avec Dieu en sautant du haut du temple, mais on ne tente pas Dieu. Enfin, on croit que l’on peut posséder tous les royaumes mais on ne joue pas avec la possession du royaume.

Ce qui permet de sauver le monde, c’est d’arrêter de le sauver comme on le fait. Dans les trois jours durant lesquels le Christ passe de la mort à la résurrection, nous apercevons que c’est tout le rapport à la vie divine qui est restauré. Le Christ a tout vécu, il n’a joué avec rien et il fait un retour à la source, le Père, au transformateur de tout, le Fils, et à l’avenir, l’Esprit. Cela donne l’apparition de la résurrection qui est une nouvelle information inouïe pour le monde. Cela se manifeste à travers l’expérience de pentecôte, avant de partir dans les nuées, le Christ donne son Esprit Saint aux disciples. L’Esprit Saint, c’est la même chose que le sens de l’inouï, de l’avenir et de l’extraordinaire. Les disciples vont bâtir une religion totalement nouvelle qui n’a jamais existé et qui va apporter de nouvelles informations dans le monde pour pouvoir aller dans le futur et permettre à l’humanité de grandir.

La résurrection apparaît comme une libération, et je crois que c’est ainsi qu’il faut la vivre. Il y a des moments où nous nous sentons vivants, se sentir vivant et ressusciter, c’est la même chose. A chaque fois que nous faisons l’expérience de respirer profondément, nous avons, non seulement le sentiment de vivre, mais de revivre. Nous faisons l’expérience de la résurrection. A chaque fois que vous introduisez de la respiration dans le monde, vous rendez le monde vivant et vous lui permettez de ressusciter. A chaque fois que vous introduisez dans le monde l’idée que rien n’a commencé et que tout est à venir, vous créez un monde vivant et qui respire.

La résurrection, n’est pas seulement l’événement du Christ qui ressuscite, mais c’est la pratique de la résurrection, c’est la pratique du Christ. Lorsqu’Il dit « Je suis la Voie », cela signifie « pratiquez-moi », pratiquez la vie divine. Celle-ci se pratique à travers l’expérience et à travers l’exercice même de la résurrection.

Ne faisons pas de la résurrection un événement stupéfiant mais faisons de la résurrection une pratique, une manière de respirer et surtout un combat résolu contre la tristesse. Je crois que nous avons une responsabilité à l’égard de nos contemporains et du monde qui désespère et qui se laisse mourir. Il y a un combat de la pensée heureuse à mener. La pensée heureuse est une pensée magnifique, là où tout le monde croit que c’est fini et désespère, arrête de désespérer et proclame que tout commence !

Question 1

Vous avez dit : « Quand on soigne l’information fondamentale, le corps guérit », pouvez-vous nous en dire plus ?

L’essence du corps réside dans l’Être et l’information fondamentale c’est que l’Être est le noyau de toute chose. L’Être est la réalité absolue totalement invisible qui a été, qui est, et qui sera, comme nous sommes inscrits dans le grand livre de la réalité et de la vie, nous avons cet Être en nous. L’information céleste c’est l’information qu’il y a de l’être en nous, que nous sommes tout sauf un cadavre, tout sauf un corps qui est voué à la mort, ceci est fondamental.

Je constate que lorsque je rentre dans la conscience de l’Être, toutes mes cellules se mettent à vibrer, je créé un champ incroyable au niveau énergétique. Il faut cultiver la conscience de l’Être, c’est une pratique et un programme de vie. On s’aperçoit que les saints ont modifié la structure de leur corps par la prière et l’attention constante, ils sont arrivés à des choses ahurissantes où leur corps ne pourrit pas. Le Christ est venu travailler sur notre information fondamentale. Il est venu nous dire que nous n’avons pas rêvé quand nous avons cru que Dieu existait, que notre vie avait du sens, que nous avons un rôle à jouer et que nous avons de l’Être en nous. Ceci est fondamental et se travaille nuit et jour, cela s’appelle la vie attentive et concentrée.

Question 2

Face à une patiente qui voulait mettre fin à ses jours pour ne plus souffrir et à qui j’ai voulu expliquer que ce n’était pas la bonne solution, j’ai été démunie lorsqu’elle m’a répondu « pour vous c’est facile parce que vous êtes croyante ». Que puis-je lui répondre ?

Personne ne se suicide pour mourir, les gens se suicident pour vivre et votre patiente fait une confusion entre la mort et l’arrêt de la souffrance, elle ne veut pas mourir, mais arrêter de souffrir. Elle croit qu’en mourant elle arrêtera de souffrir, mais elle ne va pas arrêter de souffrir. La mort n’est la solution de rien. Tous ceux qui se suicident font cette confusion et meurent à cause d’elle, par ignorance.

Avec les personnes qui veulent se suicider, il faut gagner du temps parce que cela permet à d’autres choses de se passer. Alors que je faisais une conférence au sujet du suicide et de l’euthanasie, quelqu’un s’est levé et a dit : « Je vais vous dire pourquoi le suicide est une bêtise. J’avais perdu mon travail, ma femme m’avait quitté, j’étais brouillé avec mes enfants et expulsé de mon logement, je n’avais plus rien. Je suis allé au bord de la voie ferrée pour me suicider et au moment où le train est arrivé j’ai eu l’impression qu’une main me tirait en arrière et je ne me suis pas suicidé. Je suis revenu chez moi, j’ai retrouvé un travail et une femme, je me suis réconcilié avec mes enfant et j’ai guérit d’un cancer. »

Il est inutile de dire à votre patiente que cela vaut la peine de vivre car elle n’y croit pas et cela risque de l’énerver et de précipiter sa décision. En revanche, il faut absolument lui dire d’attendre et en même temps, nous devons prier pour avoir une inspiration car c’est le ciel qui nous aide et qui nous donne des informations.

Question 3 :

Vous dites que la nuit, notre être est restauré. Pouvez-vous nous dire comment vous vous préparez à la nuit ?

J’ai un rituel de prière tous les soirs mais je m’endors souvent trop vite, mais au milieu de la nuit, je me réveille et je prie le Notre Père, c’est la prière la plus importante. Je prie aussi la prière du cœur et puis je confie tous les êtres que j’aime dans ma prière. Pratiquement toutes les nuit, lorsque je me réveille, je sens un fleuve de douceur qui traverse mon cœur et j’ai un dialogue avec l’Être. Lorsque je parle de l’Être, ce ne sont pas que des mots, c’est une expérience et la douceur divine, je la sens et je la vis. C’est très difficile à dire, mais je pense que ce n’est pas impudique de le faire car il est important de dire que le dialogue avec Dieu existe et que la présence divine est réelle. Dieu nous parle dans le cœur par des intuitions et des sensations profondes.

Je pense que si vous pouvez, avant de dormir avoir un temps méditatif, couper le lien avec le monde, faire de profondes respirations, vous dormirez de mieux en mieux et surtout, quand vous irez dans votre âme vous allez avoir des rêves et parfois des songes et des informations à travers ces rêves et ces songes. Je crois, comme les romantiques, qu’il y a une vie extrêmement profonde dans le sommeil et qu’il s’y passe des choses qui ne peuvent pas se passer dans la journée.

Question 4

Les représentation doloristes du Christ ne sont-elles pas apparues après le moyen-âge à l’époque des grandes pestes pour justement montrer que le Christ a partagé les souffrances des hommes.

Vous avez raison, ces représentations interviennent dans le 16ème siècle et dans la modernité pour des raisons très politiques. Les artistes qui veulent s’émanciper du religieux ne parlent que de la mort du Christ parce que c’est un aspect purement humain. D’autre part il y a ce message politique qu’il faut souffrir pour être récompensé. Cela existe partout dans le christianisme. Je pense que cette vision fait qu’on ne lit plus ce que dit le Christ et c’est comme si Sa Parole se limitait à l’idée qu’il faut souffrir et obéir.

Question 5

Pour vous, quel est le sens de la prière de l’agneau de Dieu dans la liturgie catholique ?

Pour moi, l’agneau n’est pas celui du sacrifice mais c’est l’agneau de l’Apocalypse qui lève de septième sceau et qui fait toutes choses nouvelles. Lorsqu’on parle de l’agneau de Dieu, ce n’est pas le petit agneau qui se laisse sacrifier ou que l’on sacrifie, mais c’est une référence à la nouveauté absolue. Dans l’Église catholique comme dans l’Église orthodoxe j’ai entendu des prêtres dire que l’essence de la vie chrétienne est la connaissance de Dieu. Pour moi, c’est cela qui est important, on sort du dolorisme, et il y a dans l’Église catholique une très grande tradition spirituelle qui n’est pas doloriste. En particulier chez les Dominicains et les Franciscains.

Question 6

Au sujet du sacrifice, dans l’Évangile de Jean, le Christ dit : « Ma vie on ne me la prend pas car c’est moi qui la donne », comment comprenez-vous cela ?

Il y a trois manières d’interpréter la croix :

  1. Le christianisme est une religion comme les autres qui intègre la souffrance et qui montre la souffrance du Christ comme un modèle. Ce qui permet de justifier les pouvoirs politiques qui font souffrir et qui parfois, terrorisent par la violence. Le fanatisme religieux repose sur une logique sacrificielle, il faut souffrir et il faut punir. L’intégrisme religieux réduit Dieu à ce qu’a dit Dieu, ce que dit Dieu à une loi impitoyable, et derrière la loi, à eux-mêmes. Cela existe dans des discours religieux comme dans des discours politiques, c’est le Satan qui revient en permanence.
  2. Saint Paul parle du sacrifice intériorisé, pour faire une jonction avec le judaïsme conservateur et pharisien. Il réinterprète symboliquement la position de Moïse et l’alliance avec le sang à travers la folie du Christ. Derrière la notion de sacrifice intériorisé et le don de soi, il explique qu’à partir du moment où c’est un don de soi, le sacrifice est acceptable. On reste dans le discours sacrificiel.
  3. Je vous propose une autre vision qui sort de la notion de sacrifice pour voir une mutation complète de l’Être. Au lieu de parler du sacrifice, écoutons Dieu et notre cœur.

Question 7

Que pensez-vous du Lévitique ?

Lorsque le Christ et confronté à la loi traditionnelle, Il propose une vraie lecture de cette loi. Par exemple au début de l’Évangile de Mathieu, le Christ dit : « On vous a dit que …, moi je vous dis… ». Il ne change pas un iota de la loi mais Il la vit vraiment dans son cœur. Il faut lire la loi jusqu’au bout et le Christ nous donne une leçon de lecture. Le problème n’est pas d’obéir à la loi mais de l’intérioriser.

Question 8

Qu’est-ce que l’enfer ?

L’enfer c’est une manière de décrire la résurrection en disant que nous voulons pouvoir vivre continuellement ce que nous vivons. L’enfer est mental et il peut exister dans une vie apparemment très heureuse. Tout ce qui ne nous emmène pas vers l’expérience inouïe de la vie divine est l’enfer.